Traduction de la page de titre : Septième édition, considérablement augmentée et ornée de vingt gravures explicatives d'après des dessins originaux [de :]
Gulliver ressuscité : ou le vice du mensonge correctement exposé. Contenant des voyages singuliers, des campagnes, des voyages et des aventures en Russie, dans la mer Caspienne, en Islande, en Turquie, en Égypte, à Gibraltar, le long de la Méditerranée, sur l'océan Atlantique, et à travers le centre du mont Etna, dans la mer du Sud.
Il y a aussi le récit d'un Voyage dans la Lune et dans l'Étoile Chien ; avec de nombreuses particularités extraordinaires relatives à l'Animal Cuisinier de ces planètes, que l'on appelle l'espèce humaine.
En fait, cette édition vaguement augmentée (une münchhauserie ?) est identique à la sixième édition (1789), elle-même identique à la cinquième (1787) qui est augmentée d’une balade à dos d’aigle par rapport à la quatrième (juillet 1786) elle-même augmentée d’un tour en boulet de canon et d’un crochet foudroyant par la Lune au regard de la troisième (mai 1786) qui reprend la deuxième (avril 1786) augmentée de cinq nouvelles histoires par rapport à la première (décembre 1785) qui ne contenait elle-même que dix-sept anecdotes disséminées dans une dizaine d’almanachs berlinois depuis 1767… Vous êtes perdu ? Parfait !
Personnage historique hors du commun, Karl Friedrich Hiéronymus (1720-1797), baron de Münchhausen, était un officier allemand qui combattit les Turcs de l’Empire Ottoman dans l’armée d’Élisabeth de Russie de 1720 à 1750. Il s’établit ensuite à Hanovre, s’amusant à raconter à ses amis d’invraisemblables aventures de guerre et de chasse.
Le véritable auteur du livre, Rudolf Erich Raspe (1737-1794), polygraphe et polyglotte allemand, un peu escroc, les recueillit et commença à les publier à Berlin, en 1767, dans les cahiers des Vade Mecum für lustige Leute. En 1785, après un séjour en prison – le baron s’exaspérait de ces forfaitures – Raspe fila en Angleterre et, grâce à Horace Walpole, y publia une première traduction anglaise. Celle-ci obtint un tel succès qu’elle fut rééditée huit fois, augmentée à chaque édition de nouvelles aventures comme d’illustrations – ainsi, la première édition ne comportait-elle que 49 pages et 8 figures contre 263 pages et 20 figures pour la présente.
Toutes les éditions de Münchhausen sont rares, tout comme est réputée introuvable la réunion des dix séries des Vade Mecum für lustige Leute de Berlin – autant chercher à s’extraire des sables mouvants en se tirant par les cheveux, sans d’autre appui, le fameux théorème de l’absurde de Münchhausen qui condamne tous les chauves.
Les admirables figures non signées sont de Riepenhausen. D’une singulière originalité, toutes plus extravagantes les unes que les autres, elles illustrent parfaitement la fantaisie, l’absurde, le délire et la poésie du Baron. Elles manquent souvent (münchhausen-t-on).
Une tache de la taille d’une phalange, d’un beau vert caverneux, affecte la tranche extérieure du livre, maculant de trois ou quatre millimètres de profondeur la marge intérieure – mais sans aucune atteinte au texte. Coiffes décoiffées au boulet de canon. Assez bon exemplaire cependant.
Ex-libris manuscrit W. Middelton 1799, potentiel ancêtre de la princesse de Galles (crétin !).
Cf. Erwin Wackermann, Münchhausiana, Stuttgart, 1969.