Seconde édition de cette savoureuse utopie érotique. La première date de 1779 et fut publiée à Genève.
Ces deux éditions sont rares.
En face de Lampsaque, ancienne cité grecque d’Asie mineure, se trouvent deux îles étonnantes : l’île Heureuse & l’île Infortunée. Elles sont régentées par la divine et ardente Priapélotis, fille unique de la nymphe Lotis et du Dieu Priape. Dans l’île Heureuse, les habitants ne connaissent que le plaisir qui leur a valu d’être. Tout ce qui tend au plaisir des sens est permis et même ordonné. Ceux qui contreviennent à ce principe que la Nature inspire ou qui blessent seulement la douceur et l’agrément de la société, sont exilés dans l’île Infortunée. Pour ces criminels, homme ou femme, nulle peine de mort ni enfermement. Avant d’être relégués de l’une à l’autre, chacun subit une opération qui tient du prodige et se retrouve dépossédé sans douleur et sans suite des organes génitaux, consignés dès lors dans une merveilleuse liqueur qui donne et maintient à ce dépôt une élasticité pérenne. Ces vases, étiquetés chacun du nom de la personne désorganisée, font l’ornement de la précieuse galerie de la Souveraine des deux Iles. Ce sont de vraies curiosités naturelles, et les seules dont elle fasse cas, parce que leur seul aspect la démélancolise.
Au terme de la pénitence, chacun retrouve son bazar, non sans avoir été essayé par la Souveraine car, immortelle, celle-ci est toujours dans son printemps et en fermentation, et rien n’est égal à la vivacité de ses envies. Heureux bannis qui comme Atys procurent à leur Reine l’antidote à sa mélancolie…
Dans ce délicieux mélodrame traversé de sagesse, d’Incubes et de Succubes, surgit un naufragé du hasard et voilà notre auteur pourvu par la nature d’une élégante plume – c’est son périple sur ces îles lointaines qu’il nous conte. Nous n’en dévoilerons pas davantage, il faudra acheter son histoire, elle en vaut la chandelle.
Selon Jules Gay l’auteur serait le Marquis de Paulmy (1722-1787), Antoine-René de Voyer de Paulmy d’Argenson précisément. Bailli de l’artillerie du Roi, le Marquis logeait depuis 1757 à l’Arsenal. Bibliophile frénétique, il constitua l’une des bibliothèques les plus importantes jamais réunie par un particulier, plus de cent mille volumes choisis avec goût. Les canons en cédaient à la Poésie. A la révolution, la bibliothèque fut placée sous séquestre et laissée en place. Elle fut déclarée « Bibliothèque Nationale et Publique » par le Directoire, en 1797. Elle est encore ouverte au public.
Dans une petite brochure publiée en 1922, « Une Antinéa au XVIIIe siècle », Paul Cottin a révélé de bien curieuses analogies entre d’une part les romans She (1887) de Ridder Haggard, et L’Atlantide (1919) de Pierre Benoit et d’autre part notre présente Révélation véridique qui a l’air d’un songe… A l’époque, des esprits chagrins ont accusé Pierre Benoît d’avoir imité Ridder Haggard. Ce dernier aurait-il eu à son tour connaissance de l’œuvre du Marquis de Paulmy ? A moins qu’il n’y ait rien de nouveau sous le soleil, nihil novi sub sole...
Des rousseurs seulement sur la page de titre.