Troisième édition, refondue et augmentée – aussi rare que les précédentes.
Un petit manque longitudinal en haut du titre qui comportait un envoi de Flora Tristan – reste une partie de sa signature.
C’est Flora Tristan qui eut pour la première fois l’idée de l’Internationale : en lisant le Livre du Compagnonnage d’Agricol Perdiguier, mon esprit fut illuminé par cette grande idée de l’union universelle des ouvriers et des ouvrières.
En 1843, Pagnerre avait refusé de le publier ni aucun autre éditeur d’ailleurs – avec beaucoup d’obstination, Flora Tristan était allée quêter de porte en porte de quoi payer une brochure populaire bon marché. Je n’exagère pas en disant que j’ai fait plus de deux cents courses dans toutes les directions de Paris (et à pied). – je l’avoue, sous le rapport de la fatigue physique, je suis épuisée ; j’en suis même malade.
Il lui fallut aussi une belle force de persuasion car aucun des souscripteurs n’avait connaissance du manuscrit qu’elle allait publier − fédérer la classe ouvrière quand l’époque était plutôt au Robert Macairisme... Soldats, femmes de ménage, écrivains, ouvrières de modes, acteurs... Un ou deux députés, quelques rentiers, quatre étudiants, un menuisier nommé Perdiguier, et des dames (pour cinq francs), Hortense Allart, Desbordes Valmore, Louise Collet ou George Sand. Eugène Sue se montra le plus généreux. Quant aux refus, ils furent nombreux, surtout parmi les amis du peuple… combien ces réceptions froides, sèches et tout à fait anti-fraternelles, m’ont causé de cuisantes douleurs. A l’exception d’un jeune anarchiste, étudiant en médecine, Ernest Cœurderoy, mais quand on porte un si beau nom…
Cette troisième mouture, imprimée à Lyon aux frais des Canuts, parut l’année de la mort de Flora Tristan dont c’est la dernière publication – elle fut également entièrement souscrite : sur la nouvelle liste on peut remarquer la contribution renouvelée et toujours aussi généreuse d’Eugène Sue, à croire qu’il avait le béguin – on l’aurait à moins.
Bel exemplaire.