Véritable édition originale établie à partir du manuscrit.
Rappelons que Casanova avait rédigé ses mémoires en français. Après deux tentatives infructueuses de publication en 1797 et, peu après la mort de l’auteur, en 1798, à l’instigation du Comte Marcolini, le manuscrit revint à son neveu par alliance, Carlo Angiolini. Le fils de ce dernier le vendit pour une bouchée de pain à l’éditeur allemand F. A. Brockhaus.
Encouragé par Ludwig Tieck, Brockhaus fit traduire en allemand le manuscrit de la vie mouvementée de l’aventurier et, non sans avoir écarté un nombre conséquent d’épisodes, en donna une édition partielle de 1822 à 1828.
Le succès fut tel que cette traduction de Wihelm von Schütz fut à son tour traduite en français par un certain Aubert de Vitry, « traducteur de Goethe », opérant pour les éditeurs Tournachon et Molin. C’est ainsi que parut, de 1825 à 1829, une première édition française des mémoires de Casanova, une édition pirate fort négligée, faite à partir d’une traduction d’une traduction à laquelle furent ajoutés des épisodes apocryphes.
Peut-être pour limiter les dégâts ou pour ne pas laisser à d’autres les bénéfices d’un succès de librairie, Brockhaus s’associa avec des éditeurs parisiens pour publier la vraie première édition originale des Mémoires de Casanova faite à partir du manuscrit original. C’est l’un des exemplaires de cette édition que nous proposons.
Brockhaus confia le soin d’établir le texte à un professeur de français de Dresde, Jean Laforgue, qui, peu respectueux de l’œuvre, ne se contenta pas de corriger des fautes ou d’ôter quelques italianismes inévitables, mais entreprit de mettre les mémoires de Casanova au goût du jour…
Rives Childes (Casanova, page 22 et suivantes), n’est pas tendre pour Laforgue. Jacobin et athée, celui-ci aurait même déformé la pensée de Casanova au point de le faire apparaître irréligieux, en même temps qu’il éludait ou atténuait ses commentaires défavorables sur la Révolution française…
Reste que toutes les éditions des Mémoires de Casanova ont été aussi infidèles que leur auteur ; même la rigoureuse Pléiade se fit volage, publiant une édition outrageusement tronquée basée sur un texte incorrect et obsolète. Il faudra attendre l’édition Brockhaus-Plon de 1960-1962 pour avoir enfin le texte le plus proche du manuscrit.
Les rectos des faux-titres sont légèrement jaunis, quelques rousseurs à certains titres, les intérieurs sont très frais, les marges préservées. Bel exemplaire cependant, agréablement relié.
Le relieur Rousselle exerçait à Paris (11 rue de Savoie) durant la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’en 1895 (Flety, 156).