Édition originale.
Inventions nouvelles dresse le catalogue raisonné de toutes les ingéniosités somptuaires qui fleurissent sous les pas de la marche triomphale de la Science. Il comporte près d’un demi-millier de notices et compte-rendu (416 exactement) pour satisfaire les attentes les plus saugrenues et répondre à toutes les questions pratiques d’hygiène, de phynance, de sciences naturelles, de mode, d’industrie, d’art, de littérature ou de tout ce que vous voudrez, selon la logique pawlowistique, une logique qui annonce la danse du biglemoi, les mimosas en lanières et les équations du champ uniforme.
Qu’est-ce que le Bénédisiphon, l’Escarfigaro, le Phonovague, le Méphistophone, ou l’Ichtyocinéma ? Les chiens pourront-ils résister longtemps aux ingénieuses puces-caramel ? Les morues à la raboteuse à glace automobile ? Comment bien exploiter le lit à flagrant délit ou le réticule adultérin qui solutionnent tant de problèmes mondains ? A quoi servent le Xavier de Maistre électrique, le Tristan Bernard amulette ou l’ibis-monpépéà-jaja-sphère qui fonctionne comme le petit-crocodile-conformateur à verrues pour bottes de chasse ? Comment pallier l’encombrement croissant des statues érigées dans Paris ? Mon écureuil peut-il monter des pneus de 135 ? Pourquoi les enchères font-elles la compétence ? Faut-il vacciner les châssis de course ? Et les embrasses pour joues tombantes, le crachoir torpille, le savon à poils, l’extenseur sénile, les rapides à bouillon surchauffé, les fiches à rallonges éclectrique, la grosse bubulle germanobuesque à autographes titriculés, la cape gorgone vipérine pour vibroconfits, le marché aux modèles cubistes, la Conscience élastique, les prix orthotionnels ou la Dynamo-pipe ?
Allez, on vous donne une réponse, mais une seule : la Dynamo-pipe récupère l’énergie inutilement dépensée durant la combustion du tabac pour éclairer, pendant la nuit, les décorations préalablement adaptées en verre de couleur, donnant ainsi aux gens qui les portent, en un temps où d’abominables manœuvres ont discrédité légèrement différents ordres exotiques, quelques compensations.
N’oublions pas que Pawlowski publia son livre en 1916. Pendant qu’on se documente, la guerre consume quotidiennement ses petites bûches humaines. Y-aurait-il une petite fleur dans la tête de Pawlowski, une petite fleur chromée d’humour qui fait des mondes et sait encore trouver l’heure exacte à partir d’une montre démontée ? L’humour est, en effet, la seule poésie possible de notre époque scientifique, comme les vers étaient, pour nos pères, la seule porte des rêves ouverte dans la prose de leur temps. Les modes d’évasion de l’esprit se modifient avec les prisons et l’on ne s’échappe pas de l’autoritarisme absolu de la science aussi facilement que du despotisme bourgeois.
Toujours au chevet de Marcel Duchamp.