Edition originale du premier livre d’Antonin Artaud, illustré de 4 gravures sur bois d’Élie Lascaux.
Tirage limité à 110 exemplaires numérotés sur papier d’Arches – un des 10 premiers exemplaires (n°5) signés par l’auteur et l’illustrateur, les seuls à comporter une suite des gravures tirées sur Chine, toutes signées.
En outre, l’exemplaire est enrichi de huit dessins originaux à l’encre et à l’aquarelle, légendés et signés par Élie Lascaux en 1960, racontant en images les débuts d’Antonin Artaud à Paris du temps de leur jeunesse (1920 – 1923). Le premier dessin, dédicacé à Edmond Bomsel, représente Artaud aux pieds de la butte le jour où Lascaux, qui habite Montmartre non loin de l’atelier de Suzanne Valadon, le vit pour la première fois. Lascaux présente alors Artaud à Pierre Bertin (2eme dessin) effrayé par cette entrevue, puis l’emmène chez Max Jacob au petit matin pour qu’il lui montre ses poèmes (3eme dessin) et le soir même au Théâtre de l’Atelier où Charles Dullin lui fait passer une audition (4eme dessin) – Dullin dirigera Artaud au 8eme dessin – il ne reste plus à Lascaux qu’à emmener son jeune ami se faire éditer chez Kahnweiler, son bienveillant marchand (5eme dessin), mais sur la plate-forme du tramway qui les mène à Boulogne, Artaud déclame trop bruyamment son rôle au grand dam de Lascaux qui saute en marche … Artaud tombe de son côté très amoureux de l’actrice Génica Athanasiou qu’il invite dans un restaurant roumain hors de prix (6eme dessin) relation déjà orageuse, l’actrice lui fait faux bond et Lascaux doit payer l’addition. Vingt-ans après, en février 48, Lascaux revoit Artaud à son retour d’asile, au café de Flor, vieilli et délustré (7eme dessin) – le 4 mars suivant il était mort.
Ces huit stations de la vie d’un poète, pleine de drôlerie, ont été exécutées à la demande du collectionneur Edmond Bomsel qui les a jointes à son exemplaire (ex-libris) – elles sont inédites et pourraient faire l’objet d’une charmante publication … Avocat bibliophile et mécène des surréalistes, Bomsel finança l’ouverture de la galerie Gradiva d’André Breton, en 1937, et cofonda la Compagnie de l’Art brut en 1948.
Bel exemplaire relié en 1995 par Leroux pour Paul Destribat.