Manuscrit a. s. d’un long poème en prose publié dans le Mercure de France en avril 1890.
Singulier et coruscant poème en prose, Nocturne est une illustration parfaite du symbolisme (première manière) tel que le formule Aurier dans ses écrits sur l’art – l’humour en plus.
La scène pourrait se passer dans un bordel, un restaurant, un théâtre comme aux bains de mers… un Trouville psychologique ! Visions nocturnes fantasmagoriques esquissées sous le diamant froid et brutal d’une lampe Edison. Cette dissonance m’enchante autant que, dans tout ce très gothique mobilier, les petites bombes de chocolat et les inquiétants cylindres de jais dont s’orne la houle des occiputs, autant que les cigarettes qui fument entre les lèvres trop écarlates de ces dames, somptueuses et plâtrées comme des façades (…)
Vibrations hyperesthésiques, ces petites bombes de chocolat s’agitent comme des myriades de tortueuses pattes de mouches et chatouillent les nerfs frissonnants, les capillaires, les moelles, les fibres et toutes les cellules du cerveau de notre poète. D’ailleurs, la mystérieuse « endosmose » accomplit son œuvre parmi ces étroïdes ambiants, de minutes en minutes, les crânes diminuent, diminuent, diminuent… Tenez ! Ce monsieur, là-bas, n’a déjà plus de tête, non, plus de tête du tout…
Une douzaine de repentirs autographes. Cachet bleu du Mercure.
Quant aux manuscrits d'Aurier ... ils sont presque introuvables.