Édition originale, son deuxième livre, dédié à Goncourt.
Envoi a. s. : à J. K. Huysmans, hommage d’admiration, Léon Daudet
Roman à clefs satirique du monde médical et ses pratiques à la fin du XIXe siècle transposés en Morticolie, contrée imaginaire aussi délirante qu’effrayante : les médecins y sont les maîtres absolus, exploitant la population constituée de malades (riches ou pauvres, l’ascension sociale se fait par lèchements de pieds) au gré de leurs fantaisies diagnostiques ou thérapeutiques, pratiquant sans éthique toutes sortes d’expérimentations humaines – le suicide y est même assisté et encouragé : ainsi, à la Maison du Suicide du professeur Florimol, plusieurs modus operandi sont proposés dont le chloroforme, en vogue à cette époque : Il est une issue délicieuse et nuancée. J’ai imaginé un appareil qui distille le précieux liquide goutte à goutte sur un cône de tulle ou de batiste fine dont le suicidé se revêt la face. Couché sur son lit, dans sa chambre, il n’a qu’à presser un bouton et demeurer immobile. C’est l’affaire de quelques minutes. On disparaît ainsi sans s’en apercevoir, l’imagination semée de figures riantes. Aujourd’hui j’ai dix élèves. Demain il m’en restera huit.
Fils aîné d’Alphonse Daudet, Léon Daudet avait entrepris des études de médecine en 1885 qu’il mena jusqu’au bout, échouant au concours de l’internat en 1891, année où il épousa la petite fille de Victor Hugo, Jeanne, dont il divorça en 1895. Il fut l’ami de jeunesse de Marcel Proust alors inconnu.
Les premiers feuillets se détachent un peu de la reliure, un frottement sur le premier plat de couverture, bon exemplaire cependant.