Collection complète en deux séries de cette prestigieuse revue fondée par Gérard de Nerval et Anatole Bouchardy grâce à l’héritage que le poète reçut de son grand-père maternel, en janvier 1834.
Projet commercial ambitieux Le Monde dramatique devait assurer leur avenir. Le restant des 30 000 francs, que Nerval avait déjà bien écornés lors de son voyage en Italie ou dans son emménagement impasse du Doyenée, fut entièrement investi pour le lancement et la confection de la revue. Hebdomadaire ou bi-hebdomadaire selon l’humeur, soigneusement imprimé sur vélin blanc sous des couvertures de couleurs, luxueusement illustré de planches et de vignettes gravées sur bois ou à l’eau forte, sur acier ou en lithographie, Le Monde dramatique devait rivaliser avec L’Artiste ou La Mode, deux revues réputées pour leurs estampes et leurs contributeurs.
Le premier numéro parut le 9 mai 1835 à l’adresse de la rue (sic) du Doyenné. L’imprimeur des textes, Félix Locquin, et celui des lithographies, Caboche & Cie, étaient situés à une brève marche du logis de Nerval qui, en plus de diriger la rédaction de la revue, gérait également sa chaine de production – le poète fut bien le seul pilote du bord, au moins jusqu’au 28 mai 1836 : un avis annonçait qu’à partir de ce jour la direction du Monde Dramatique passait dans d’autres mains (26 ème livraison, fin du tome II). Le 16 juin suivant, Nerval était assigné en déclaration de faillite.
La première série continua jusqu’au 30 décembre 1838 – la seconde série débuta le 6 janvier 1839. Moins soignée, plus chiche en illustrations, elle prit fin en septembre 1841 à la 25ème livraison.
Parmi les artistes qui contribuèrent à l’illustration, on peut assurer les noms de Célestin Nanteuil, Anatole Bouchardy, Louis Boulanger, Gavarni, Camille Rogier, Dantan, Émile Wattier, Devéria, Napoléon Thomas, Lorentz, Louis Lassalle, Henry Monnier, Bourdet, Forest … Pour les collaborateurs littéraires, avec moins de certitude car les contributions ne sont pas signées, on peut donner en se référant aux prospectus et à quelques initiales laissées ici ou là, les noms de Jacques Arago, Roger de Beauvoir, Hector Berlioz, Petrus Borel, Théophile Gautier, Marceline Desbordes-Valmore, Alexandre Dumas, Alphonse Esquiros, Léon Gozlan, Arsène Houssaye, Jules Janin, Alphonse Karr, Paul Lacroix, Francisque Michel, Amédée Pichot, Gustave Planche, Joseph Royer, Anaïs Ségalas, Frédéric Soulié ou Mélanie Waldor …
Il est également impossible de retrouver, à quelques exceptions près, les articles véritablement rédigés par Nerval, mais, comme l’écrit Michel Brix, les deux premiers volumes sont comme un « corpus nervalien », dont tous les éléments témoignent de la présence du poète, sans qu’aucun ne puisse être légitimement inscrit à son seul crédit.
Première série, 1835-1838 : IV, II (Prospectus), 428 pp., 26 h.-t. ; 419 & 26 h.t. ; 496 & 31 h.-t. ; 225 & 23 h.-t (plus un fac-simile) ; 2 pp. (Prospectus) 420 & 26 h.-t. ; 420 & 26 h.-t. ; 416 & 26 h.-t. Seconde série, 1839-1841 : 416 & 26 h.-t. ; 468 & 11 h.-t. (sur 21) ; 358 & 12 h.-t.
A l’exception du premier volume de la seconde série (tome VIII), toutes les couvertures des livraisons (illustrées pour la première série, imprimées pour la seconde) ont été conservées, reliées en fin des volumes. Il manque 10 illustrations hors-texte (sur 21) au deuxième tome de la seconde série (tome IX) – principalement les gravures de mode. Le tome V comporte une mouillure angulaire tout du long, sinon bel exemplaire, parfaitement établi à la fin du XIXème siècle par Carayon.
(cf. Le Dictionnaire Nerval de Claude Pichois & Michel Brix, Du Lérot éditeur, 2006, pages 325 et suivantes)
Fort rare dans cette condition.