Édition originale – livre merveilleux, secret et atemporel, que l’on lit et relit au gré des jours avec le même enchantement.
A chaque jour de l’année correspond un court texte poétique et méditatif sur les sujets les plus divers. C’est assez heureux, souvent magnifique : une mosaïque musicale composée sur l’ingénieux clavecin oculaire du père Castel. Les traits d’un être de poussière reproduits par de la poussière, que le temps souffle et qu’il efface.
Nul doute que Baudelaire connaissait le recueil de Lefèvre-Deumier, tout comme le Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand dont la forme neuve du poème en prose avait été pour lui une source d’inspiration – l’année suivante, en 1855, Baudelaire publiait La Solitude et Le Crépuscule du soir dans l’Hommage à C. F. Denecourt, les premières pièces en prose du futur Spleen de Paris – un titre qui devait changer une demi-douzaine de fois entre 1857 et 1863 : Poëmes nocturnes, La Lueur et la Fumée, Le Rôdeur parisien, Rêvasseries en prose, Petits Poëmes lycanthropes, ou encore Le Promeneur solitaire …
Les papiers un peu usés des plats de la reliure témoignent d’une lecture régulière de poche en poche. Entre février et mars le relieur a introduit des petites greffes de papier dans les fonds d’une douzaine de pages, probablement abimées par les frimas – ça reste acceptable surtout compte tenu de l’authentique rareté du livre – on s’en contentera facilement.