Éditions originales -- les exemplaires de Huÿsmans
Christophe Colomb :
Envoi a. s. : à J. K. Huymans (sic), son ami toujours qui n’oublie ni Asnières ni Fontenay. Léon Bloy.
Huysmans a fait relier la lettre encyclique destinée à tous les évêques du monde pour les prier de plaider auprès de la Cour de Rome la cause de la béatification de Christophe Colomb, lettre que Léon Bloy publia conjointement à son livre : Illustrissime Domine ; Parisiis, 4 Octobris 1890 – plaquette de 4 pp. imprimée en latin par Savine.
Faute de subsides pour l’affranchissement, elle ne fut envoyée qu’aux évêques de France et à quelques-autres de Belgique, d’Hollande ou d’Espagne. Puis, le reliquat de cette belle épître servit à Bloy de brouillon – des spécimens déployés furent même utilisés par Savine pour l’empaquetage de ses livres.
Huysmans a également fait monter le Prière d’insérer, assurément rédigé par Bloy (1 f. de 27,5 x 10,5 cm, replié) :
(…) cette fois, Léon Bloy s’attaque à la nation Espagnole représentée à ses yeux par un très grand personnage d’au-delà des monts et par l’Académie Royale d’Histoire de Madrid en complicité avec ce dernier pour une « sacrilège mystification » dont le monde latin doit retentir et que dénonce audacieusement, à l’avance, le catholique sans timidité qui s’est, un jour, dénommé lui-même « le blasphémateur par amour » (…)
Bloy allait s’en prendre au Duc de Veragua, dernier descendant de l’inventeur du Nouveau Monde, qui employait son temps et sa fortune à l’élevage des taureaux destinés aux corridas, et qui, pour le quatrième centenaire de la découverte de l’Amérique, avait chargé l’Académie de Madrid d’attribuer un prix de 30 000 pesetas à l’auteur de la meilleure biographie de Christophe Colomb.
Rappelons qu’une amitié sincère, fraternelle et inconditionnelle, unissait Bloy et Huysmans.
Les deux écrivains, qui s’étaient liés sous les bons hospices de Barbey d’Aurevilly, se fréquentèrent assidûment près d’une dizaine d’années. La disparition, en 1889, de Villiers de l’Isle-Adam avec lequel ils formaient un trio d’intimes, fut à l’origine de griefs qui allaient ronger irrémédiablement leurs liens. En avril 1891 – date de L’Enquête sur l’évolution littéraire de Jules Huret (dans ses réponses, Huysmans ne cita pas même le nom de son ami parmi les nombreux écrivains qui comptaient à ses yeux) – leur rupture était consommée et la guerre déclarée, une guerre surtout menée par Bloy, en une série d’articles et brochures diffamatoires dont il poursuivit Huysmans jusqu’au tombeau et au-delà.
Christophe Colomb devant les Taureaux fut le dernier livre que Bloy dédicaça à son ami.
Huysmans fit établir l’ouvrage dans l’atelier de reliure du Père Bluté de la communauté des moines de l’abbaye bénédictine de Saint-Martin, près de Ligugé
Mon Journal :
L’exemplaire de Huysmans
La reliure est identique à celle du Christophe Colomb – reliure exécutée dans l’atelier du Père Bluté de la communauté des moines de l’abbaye bénédictine de Saint-Martin, près de Ligugé (du fait de l’acidité du papier, on peut encore deviner sur le verso de la couverture, en décharge, l’écriture de Huysmans et ses indications laissées au relieur sur un papillon envolé)
Est collée sur le feuillet de faux-titre une lettre autographe de Bloy à Huysmans, écrite sur le deuxième feuillet d’une lettre que lui adressait le comte de Lorgues et qu’il transmet à Mon bon Huysmans en le chargeant d’aller toucher pour lui une petite somme que lui réserve le comte : ne vous gênez pas pour expliquer les choses telles qu’elles sont à cet aimable et intelligent vieillard (…) Il vous considère infiniment et tiendra de vos paroles le compte le plus exact. Il sera parfaitement naturel de lui parler de moi, de ma situation actuelle et de mon avenir. Enfin, mon cher ami, ma confiance en vous est sans bornes. Faites mes affaires. Nul ne peut les faire mieux que vous (…). 3 pp. in-12, non datée – évidemment avant 1891
Petits manques marginaux de papier sur les feuillets de faux-titre et de titre