Manuscrit complet du compte rendu du livre de Georges Darien, Biribi, publié dans le Mercure de France d’avril 1890.
(…) Biribi est un livre superbe, angoissant, terrifiant. L’écriture, certes, en est bizarre et, pour tout dire, souvent mauvaise. On y trouve à profusion des locutions – je cherche un mot cruel pour M. Darien – des locutions superlativement militaires (…) d’autres fois, au milieu de phrases très oratoires, on voit surgir des termes d’argot qui donnent l’idée d’un Bossuet retouché par M. Méténier, et souvent enfin on se heurte à de truculentes métaphores romantiques qui ont dû faire tressaillir les squelettes de Théo ou de Petrus Borel (…) Mais ces tares de style, je n’ai point le courage de les blâmer. Je les aime presque. Eût-il été logique de vêtir d'élégants brocards le paria affamé de pain et de vengeance, l'énergumène fou de misère et de douleur et de rage qui, le corps et le cœur saignant sous ses loques, va hurlant ses malédictions et vomissant sa haine vers ses bourreaux ? Donc, ne faisons point l’inepte pédagogue, et constatons que Biribi est une barbare et vibrante épopée qui nous révèle des cercles de supplices plus nombreux et aussi effroyables que ceux qu’inventa le Dante.
Suit une exécution du livre d’Angelin Ruelle (biffée donc inédite) : Les Chansons de La Morgue (Vanier) ... Peut-être eut-il pu faire un épicier honnête…